Né à Montpellier (34) en 1956
Vit et travaille à Saint - Bonnet - des - bruyères (69)

Demi jour - Encre de Chine sur toile - 2016 - 100 x 100 cm
Dans mon église Gérard Breuil a planté un bois mort : il l’a abattu, tronçonné, torturé, brûlé, puis il l’a relevé. Les oiseaux du ciel viennent nicher dedans. Les prêtres disent que c’est un tabernacle, les incrédules et les incultes disent que c’est beau. Gérard ne dit rien. La voix dans le buisson ardent que ses mains ont éteint murmurait : Je suis qui je suis. C’est-à-dire que cette voix est la sienne (pense-t-il) tout intérieure et que c’est lui (d’où provient) ce bois mort : Breuil est le nom de ce bois qu’il s’efforce d’accomplir en brûlant. Les couleurs n’ont pas de racine, dit-il. Est-ce le reflet dans la lumière des noirs intenses qui en tient lieu de manière éclatante et plutôt douloureuse ? Dans le silence qui arrête net le processus de vie, le bois brûlé obtient-il le répit de nos viscères par sacrifice obvie de la couleur ? La beauté : cette sensation d’éternel second degré qui existe dans les Demeures d’Étienne Martin. Et aussi dans le ciel de Piero della Francesca. Cette beauté jamais immédiate demeure visible dans le noir à la manière d’une promesse trop lointaine à nos yeux. Pour l’heure c’est dans l’encre noire de fumée que le peintre trempe les flambantes hypothèses de Parménide, pour réaliser sur le papier que si l’un n’est pas, il n’y a plus rien ; que si l’un est un, il n’y a guère plus ; tandis que si l’un est, tout court, on obtient absolument tout (et de la plus délicate manière, car il donne tout). C’est pourquoi nul ne saurait douter de l’existence de cela qui aura (pour) une fois été peint.
Olivier Véron - extraits (citations de GB dans Faut qu’ça brille ! - Les Provinciales)

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